Comment booster la transformation de l'anacarde au Sénégal ?

Le sénégal est doté d’un climat favorable et de terres propices à la culture de l’anacardier. Le marché de l’anacarde génère des revenus très importants pour l’économie du sénégal, notamment des agriculteurs. 

En 2023, l’afrique de l’ouest détient le record de la production mondiale d’anacarde, représentant environ 59% de l’offre globale. Au sénégal, la culture de l’anacarde a connu une production plus que doublée. 

Malgré cette croissance impressionnante, la transformation de l’anacarde fait défaut en termes de création de valeur ajoutée. Ce pays exporte en grande majorité des noix de cajou sous forme brute vers l’Inde, le Pakistan… un manque à gagner, car la noix de cajou augmente sa valeur une fois transformée. Cependant, pour renverser la tendance, il est important de dynamiser la filière de l’anacarde au sénégal. 

Quelles sont les tendances du marché de l’anacarde ?

Au sénégal, le secteur de l’anacarde a connu une croissance remarquable depuis 2011, où la production n’était que de 19 000 tonnes.

Selon boubacar konta, président de l’interprofession cajou du sénégal (icas), 160 000 tonnes de noix de cajou ont été récoltés dans l’année 2023. Cette production a généré une somme de 95 milliards. Une augmentation de 83,9% a été marquée par rapport à l’année 2022 dont la production était estimée à 87 000 tonnes. 

L’impact économique de la filière anacarde

Cette contribution économique montre l’importance que l’anacarde a dans l’économie du sénégal.

Ces acteurs ci-dessous ont contribué à la valorisation de la filière anacarde

Pour permettre à la filière anacarde de créer plus de la valeur ajoutée grâce à la transformation, des solutions stratégiques ont été mises en œuvre par plusieurs acteurs.

La sodenas est la première entreprise de décorticage de l’anacarde à grande échelle au sénégal. Elle est située à sokone et avait pour objectif principal de valoriser la transformation de la noix de cajou avec une capacité de décorticage de 1250 tonnes par an. L’entreprise s’est retrouvée ainsi à l’arrêt pendant plus d’une vingtaine d’années et a repris ces activités en 2012.

La nouvelle usine sept (société d’exploitation des produits du terroir) transforme 6 000 tonnes de noix de cajou par an. Cette capacité de transformation sera atteinte dans les prochaines années avec une possibilité de stockage de 500 à 1500 tonnes. Le volume décortiqué pour la campagne 2023 était de 500 tonnes.

Le groupe cofina signe un accord de 26 millions d'euros pour accroitre le développement d’une agriculture durable en côte d'ivoire et au sénégal. Cet accord envisage le déploiement de financements à long terme par cofina côte d'ivoire et cofinasénégal, pour respectivement 16 et 10 millions d'euros.

Ce partenariat vise à renforcer l'appui du groupe aux chaînes de valeur agricoles, dont notamment le cacao, l'anacarde et les cultures vivrières en côte d'ivoire et les céréales et l'horticulture au sénégal.

L’équipe biostar, en collaboration avec des équipementiers locaux, a développé un équipement d’une capacité de 30 à 40 kg de noix. Cet équipement est un bouilleur alimentaire en chaleur par un foyer de combustion de coques d’anacarde de petite taille. 

Quelles solutions pour renverser la tendance actuelle ?

Ainsi, pour renverser la tendance, plusieurs solutions ont été mises en place.

Développer la transformation de l’anacarde au moins 30%

Lors de la deuxième édition de la journée nationale du cajou qui s’est tenue en mai 2023, M.Konta a souligné l’importance de développer la transformation de l’anacarde avec au moins 30% de la production. Il signale également qu’une collaboration étroite avec les acteurs industriels, avec un appui de l’état, stimulera significativement la transformation locale de l’anacarde. 

En effet, plusieurs possibilités de produits peuvent être obtenues dans l’anacarde : de la noix de cajou, en passant par la pomme et les coques.

Rendre la filière anacarde sa place et son rang

Ces solutions ci-dessous permettront de relancer la filière de l’anacarde.

Le renforcement de la transformation locale en facilitant l'implantation d'usines de transformation de l'anacarde.

La sensibilisation sur le potentiel industriel et énergétique des sous produits de l'anacarde.

Revoir la gouvernance de cette filière et faire un plaidoyer au niveau des acteurs.

Encourager les partenariats public-privé afin de soutenir la formation et les coopératives.

La noix de cajou constitue un levier important pour assurer la croissance économique et sociale du pays. En se focalisant sur la création de valeur ajoutée, la transformation locale et l’exportation de produits finis, cette filière pourrait être relancée et faire créer des milliers d’emplois. Il est temps alors de penser à mettre à l’exécution des politiques publiques ambitieuses pour soutenir les acteurs de la filière.